Le contenu textuel

Pour rédiger des contenus textuels, il est important de prendre en compte les difficultés d’accès à l’écrit, la culture sourde et la langue des signes

  • Les informations doivent être courtes et précises, aller à l’essentiel : l’objectif est de transmettre une information utile.
  • Le français employé doit être fonctionnel et facile à comprendre. Il faut privilégier une structure grammaticale simple, en évitant les figures de style, les anglicismes et les jeux de mots. Attention aux termes ou aux tournures de phrase qui peuvent générer des contresens, comme la forme passive ou la forme négative.
  • Les exemples sont utiles : les situations concrètes aident à comprendre des informations plus générales.
  • Opposer « bonne » et « mauvaise » attitude est souvent apprécié. On peut le faire à partir de dessins, en caricaturant et en utilisant des couleurs qui ont du sens
  • Compléter les contacts et adresses utiles par des services spécialisés dans l’accueil de personnes sourdes.
  • Vérifier enfin l’accessibilité des références ou sites Internet cités, en mentionnant de préférence les liens qui renvoient vers des versions accessibles.

Les couleurs

Les couleurs sont importantes parce qu’elles attirent l’œil mais surtout parce qu’elles véhiculent du sens.

C’est le cas des couleurs des feux tricolores, universels. On peut les utiliser facilement :

  • Vert : autorisé, recommandé, oui, OK
  • Rouge : interdit, danger, non
  • Orange : attention (son utilisation est plus subtile)

D’autres couleurs transmettent du sens, variable selon le contexte : le noir (mort), le bleu (froid, eau, laitages), le vert (nature, légumes), etc. Pour utiliser la couleur comme vecteur d’information, il faut éviter d’associer trop de couleurs différentes dans un même document.

Les illustrations

Les illustrations et les pictogrammes sont essentiels. Ils rendent le document attractif et doivent permettre, à eux seuls, de transmettre l’information aux personnes les moins à l’aise avec l’écrit.

  • Il faut veiller à la qualité et au sens du dessin qui sera toujours testé pour en vérifier la compréhension et éviter toute ambiguïté. Un dessin ou un pictogramme efficace doit être compris par tous, quels que soient le contexte, la langue et la culture de la personne à laquelle il s’adresse. Il doit se suffire à lui-même.
  • Les dessins simplifiés, comme les pictogrammes, présentent un réel intérêt. Certaines associations proposent des banques de pictogrammes.
  • Transmettre un seul message par illustration
  • Il est possible d’illustrer la langue des signes pour donner une information courte, comme le titre d’un document, mais il faut bien veiller au choix des signes qui devront être partagés par le plus grand nombre (il existe des variantes régionales et des mots nouveaux, qui ne sont pas connus de tous, comme le signe « canicule » né au cours de l’été 2003). Une équipe compétente sur les sujets traités et en LSF, ainsi qu’un dictionnaire en langue des signes peuvent aider à choisir le signe le plus largement partagé.
  • L’utilisation de personnages expressifs ou de smileys permet d’exprimer des recommandations, des sentiments, une atmosphère

Les vidéos

La réalisation de vidéos est un très bon moyen pour rendre des informations accessibles.

Les vidéos permettent d’expliquer en LSF un questionnaire, une enquête, une procédure administrative complexe, ou de réaliser un outil pédagogique (sur la santé, l’histoire, la culture, etc.). Les sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion constituent de très bons vecteurs d’information et rencontrent beaucoup de succès auprès des publics sourds ou malentendants.

Élaborer le contenu de ces outils ne consiste pas en une simple traduction du français vers la LSF. Il faut prendre en compte la spécificité de la langue et être attentif au choix des signes, afin que tous les sourds y aient accès.

  • Le script doit être conçu à plusieurs, avec une personne responsable du contenu scientifique, des personnes sourdes, des experts linguistiques et des interprètes. Le choix des signes, notamment pour les termes scientifiques, devra être réfléchi.
  • Il est préférable de choisir une équipe de tournage, spécialisée dans ce travail, qui a l’habitude de travailler avec des équipes bilingues et des interprètes.
  • Mieux vaut aussi choisir un comédien sourd avec une langue des signes partagée par le plus grand nombre. Des automates de communication en LSF, appelés aussi « avatars signants » commencent à se développer, mais ce procédé ne permet pas d'envisager à court terme une traduction automatique exhaustive dans tous les domaines (insuffisance lexicale et grammaticale, absence d’expression du visage pourtant essentielle).
  • Il faut veiller aux contrastes entre l’image de fond et la personne qui signe : les couleurs doivent permettre à l’œil de se concentrer sur la gestuelle et le sous-titrage. La tenue vestimentaire doit aussi y contribuer (éviter les lunettes à reflet, les bijoux et choisir une couleur de vêtement sobre et contrastée avec la couleur de la peau pour que les mains soient bien visibles).
  • La vidéo devra comporter langue des signes, sous-titrage et voix off, pour que le film soit suivi par tous, y compris les « entendants ». En fonction du projet, le code LPC peut être ajouté, notamment pour les vidéos pédagogiques destinées aux enfants.
  • Le sous-titrage et la voix doivent être synchronisés.

Des retours d'expérience

Ce guide est le fruit de trois ans d'expérience de l'Inpes avec le soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) et des professionnels de terrain qui travaillent au contact des sourds et des malentendants. Par ce recueil d'expériences, l'Institut souhaite partager son savoir-faire en la matière et apporter des réponses pratiques à tous les communicants engagés dans la conception d'une information accessible au plus grand nombre.